L'invité du mois
Ce mois ci c'est Charlie Fabre doctorant en Sciences de l’Information et de la Communication (laboratoire Elico) à l’Université Claude Bernard Lyon 1 qui nous propose sa recommandation culturelle. Merci Charlie !
Le podcast Hot Girls Only, par Chloë Gervais et Louise
Une recommandation de Charlie
@HotGirlsOnlyPodcast
Quand on m’a proposé de faire cette recommandation j’ai soudainement oublié tous les livres que j’avais lu et aimé, tous les films que j’avais vu et adoré et tous les podcasts que j’avais écouté avec intérêt. Alors j’ai essayé de me concentrer sur ce que j’appréciais comme contenu en ce moment et la notification de l’épisode hebdomadaire du podcast Hot Girls Only est arrivée pile au bon moment !
D’abord, je précise que Hot Girls, selon les mots des deux animatrices du podcast, c’est avant tout un état d’esprit, un mindset (le podcast est connu pour l’utilisation du franglais, get used to it). Tout le monde peut être une Hot Girl, indépendamment de son genre ! Hot Boys, Hot Enbys, Hot Girls… Ce qui compte dans la mentalité Hot c’est de se soutenir les un·es les autres et de parler avec ses ami·es de tout ce qu’on trouve pourri dans les (micro) agressions du quotidien, les diktats de la société et les politiques anti-féministes, LGBTIphobes et racistes.
Pendant environ 1h, toutes les semaines, Louise et Chloë nous font partager leurs discussions entre amies en abordant leur quotidien, des petites anecdotes et évoquent souvent en filigrane toutes ces problématiques actuelles. Les épisodes avec les titres les plus légers comme la lecture de journaux intimes d’enfant abordent les questions de santé mentale et de harcèlement scolaire ; les thématiques du harcèlement misogyne en ligne (et irl) sont omniprésentes ; les rapports déséquilibrés dans les relations hétérosexuelles, les tabous liés à la sexualité des femmes, le slutshaming, les comportements abusifs dans les relations amicales ou amoureuses sont autant de thématiques récurrentes.
Les deux animatrices sont influenceuses ; elles baignent dans le milieu des réseaux sociaux avec toutes les violences qui peuvent en découler. Dans ce podcast, elles ne cherchent pas à construire une nouvelle pensée féministe révolutionnaire mais à discuter, notamment avec les jeunes femmes qui composent majoritairement leur public, de thématiques quotidiennes, toujours avec une tonalité positive et honnêtement hyper drôle (le # humour femme de Louise est gravé dans mon cerveau).
Bref c’est un bon moment, ça sort tous les mardis vers 18h et il y a déjà presque 50 épisodes : de quoi bien s’occuper !
> en audio sur toutes les plateformes : https://shows.acast.com/hot-girls-only
Zanele Muholi
Une recommandation d'Alan
L’Afrique du Sud est le premier pays du continent à avoir légalisé le mariage homosexuel, en 2006. Mais la même année, le·a photographe Zanele Muholi constate que les Sud-Africain LGBTQI+ noirs, en particulier les femmes, n’ont que peu de témoignages, traces et représentations de leur histoire et de leur présent. Ielle s’attelle alors à réaliser une série de portraits de 300 femmes, rencontrées à travers le pays, dans un projet intitulé “Faces and Phases” en référence à l’existence de ces personnes et aux étapes de la construction de leur identité.
A travers cette série, Zanele Muholi, qui se décrit comme un·e activiste visuel·le, met en lumière des visages et des personnes souvent oubliées dans les représentations de l’histoire LGBTQI+. Aux origines de son travail, on retrouve en effet le constat que s’il y a des américaines lesbiennes exceptionnelles, il doit aussi y avoir des Africaines lesbiennes exceptionnelles et qu’il serait temps de les placer sur le devant de la scène. Avec ces portraits, le·a photographe veut aller au delà des images qu’ielle avait vues et revues dans sa jeunesse des femmes Sud-Africaines noires pendant l’Apartheid, des images qui les montraient souvent en souffrance, et avaient été la plupart du temps prises par des hommes. Ielle a alors traversé le pays à la recherche de femmes dont elle pourrait prendre un portrait plein de dignité, dans leur propre environnement. Les portraits de ces femmes lesbiennes africaines, qui regardent les spectateur·ices droits dans les yeux, invitent à une réflexion sur l’importance de la représentation – de la bonne représentation – même après la reconnaissance des droits fondamentaux.




Edi Dubien
Une recommandation de Julie
Vidéo réalisée lors de son exposition monographique en 2020 au MAC Lyon
Vous avez peut être croisé les œuvres d’Edi Dubien cette année à la Biennale d’Art contemporain et dans le métro à la station Part Dieu (leur vue me ravit à chaque voyage et me rappelle à quel point l’art est important dans notre quotidien !). Dans sa présentation sur son site on peut lire « L’histoire de l’artiste permet de saisir les liens qui existent entre ses œuvres et sa biographie. Comme toute œuvre, celle d’Edi Dubien tourne autour de fiction et réalité, de la recherche et de la construction de soi. Car parvenir à être ce que l’on est, et non pas ce que la société voudrait que l’on soit, est parfois une lutte et un cheminement difficile contre une adversité. »
L'exposition d'Edi Dubien dans le métro lyonnais, station Gare Part Dieu



Edi Dubien travaille sur plusieurs supports : peintures, sculptures, installations, dessins, formant ainsi un Œuvre (oui oui un* !) poétique d’une grande sensibilité, qui interroge notre rapport aux animaux, à la nature et à nous-mêmes.
Du point de vue graphique, la fluidité des formes et la douceur des couleurs semble être des métaphores de sa propre expérience, en constante évolution, sans aucune obligation de finalité (de nombreuses œuvres semblent esquissées ou comme inachevées).
C’est tout l’enjeu de son travail mêlant poésie, humanité et engagement. En explorant les thèmes de l’identité, de l’enfance et de la relation entre l’humain et la nature il nous montre combien tout est mouvant, interconnecté dans une perspective d’ouverture et de bienveillance envers l’autre.
Son parcours est un voyage vers l’authenticité et la paix et il fait vraiment du bien (vous l’avez ? 😬 ! ) à voir et à (re) découvrir.
*Œuvre, nom masculin = ensemble de ce qu’un artiste a produit, notamment de ce qu’il a produit au moyen d’une technique particulière. Ex: l’œuvre gravé de Salvador Dalí.
Interview émission 28mn Arte, le 12 mars 2025 pour son exposition au Musée de la chasse et de la nature, à Paris
Chair Tendre - Série sur France TV Slash
Une recommandation de Marthe
Ce mois-ci je vous invite à découvrir « Chair Tendre », une mini série réalisée en 2022, toujours visionnable en ligne gratuitement.
Chair Tendre reprend les codes classiques de la teen serie : bande de copain.es lycéen.nes, premiers flirts, conflits amicaux, relations fluctuantes avec les parents… Mais cela ne veut pas dire qu’elle ne s’adresse qu’aux ados, aux contraire, tout le monde pourra s’y retrouver !
Pendant dix épisodes, on y suit Sasha, une adolescente affirmée, drôle, brillante et délicieusement provoc. Suite à un déménagement, Sasha et sa famille s’installent dans la campagne landaise. L’adolescente et sa petite sœur découvrent un nouveau lycée, de nouveaux.elles camarades… Mais pour Sasha, cette période concorde aussi avec la découverte -ou plutôt, la mise en mots- de son intersexuation *, grâce à l’accompagnement d’un collectif de personnes concernées.
L’histoire va ainsi nous donner à voir cette recherche de réponses et cette quête identitaire, venant faire échos à tous les aspects de la vie de l’adolescente : son identité de genre, ses relations familiales, amoureuses, sexuelles… Le tout mené par une très belle interprétation de l’actrice principale Angèle Metzger.
* Selon la définition de l’ONU: Les personnes intersexes sont nées avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins.
La série a été co-écrite avec le Collectif Intersexe Activiste – OII France.