Traduit du bengali par Olivier Bougnot
BU Education Lyon Croix-Rousse – Aspasie 305.409 5 ROK
Billet rédigé par Véronique Reynard – Responsable des collections des BU Education
Le rêve de Sultanna, c’est le rêve vécu par la narratrice d’un monde dans lequel les hommes vivent reclus alors que les femmes jouissent d’une liberté totale et des pleins pouvoirs.
Dans cette société idéalisée, la narratrice découvre une nature toute-puissante et respectée, un monde où les crimes et délits n’existent pas. Les femmes vivent librement à l’extérieur et sont aussi à l’abri de la violence des hommes. Les filles accèdent à l’école et à l’Université, elles mettent en commun leurs connaissances pour améliorer la vie de la société alors que « l’amour et la liberté » sont la seule religion.
Cette société est très différente de celle que connaît l’autrice, Begum Rokheya Sakhawat Hossain (1880-1932). Dans le contexte géographique et historique qui est le sien, la société indienne fortement patriarcale s’oppose notamment à l’instruction des femmes. Malgré cela, Begum Rokheya s’instruit en autodidacte puis écrit et publie plusieurs essais sur la condition des femmes en Inde, elle s’engage aussi dans l’éducation des femmes en créant sa propre école à Calcutta.
Ce récit court, publié la première fois en 1905, est très facile à lire et traite avec humour des questions d’égalités des sexes : les hommes par exemple sont chargés des corvées ménagères mais pas de la couture car « les hommes n’ont ni assez de volonté ni assez de patience pour passer un fil dans le chas d’une aiguille (…) ».
Begum Rokheya, à travers cette fiction, démontre l’injustice et l’incohérence des inégalités que subissent les femmes, elle déconstruit une à une les raisons qui semblent légitimer les violences et contraintes qui leur sont imposées. En renversant la situation, ce texte défend une égalité juste et bénéfique entre les femmes et les hommes.
Lire ce texte aujourd’hui c’est aussi se rappeler que, dans certains pays, les femmes subissent encore des contraintes propres à leur sexe, comme la réclusion dans l’espace domestique, des règles vestimentaires imposées ou l’interdiction de s’instruire.
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Jha, R., Jha, K., Le Coz, M. (2016). Les Filles de Krishna prennent la parole. Fauves Editions. Aspasie : 305.409 5 FIL
Van Woerkens, M. (2010). Nous ne sommes pas des fleurs : deux siècles de combats féministes en Inde. Albin Michel. Aspasie : 305.420 9 VAN