Autrice : Julie Tardy, chargée de communication et valorisation
Au delà de la récupération commerciale
Vous connaissez surement le travail de Keith Haring. A l’instar de celui de Frida Kahlo présenté sur ce blog il y a quelques semaines, son Œuvre est devenu iconique et orne mugs, tote bags et autres carnets de note (celui sur lequel je rédige le brouillon de cette note en l’occurrence !)
Ses œuvres simples, ultra graphiques et colorées, dans la mouvance du street art New yorkais des années 70, dont il sera un des acteurs majeurs, sont en réalité l’expression quasi systématique de ses engagements contre le racisme et la haine anti LGBT et pour un art accessible au plus grand nombre, selon ses propres termes :
“A more holistic and basic idea of wanting to incorporate [art] into every part of life, less as an egotistical exercise and more natural somehow. I don’t know how to exactly explain it. Taking it off the pedestal. I’m giving it back to the people, I guess.”
« Une idée plus entière et plus fondamentale de vouloir incorporer [l’art] dans chaque partie de la vie, moins comme un exercice égoïste et plus naturel en quelque sorte. Je ne sais pas comment l’expliquer exactement. Le retirer du piédestal. Je le redonne aux gens, je suppose. «
L’invention d’un langage
L ’apparente simplicité de son trait révèle des influences diverses, des plus traditionnels (hiéroglyphes / calligraphies) au plus contemporaines (art brut ou pop art) laissant l’interprétation à la libre inventivité des regards (l’absence de titre de ses œuvres contribue à cette liberté). Le choix du noir et blanc ou d’une explosion de couleurs vives n’est pas fait au hasard et délivre des messages symboliques de paix et d’harmonie ou de mort et de menace.
Une vie d’engagement furieusement contemporains
Il suffit d’étudier la biographie de Keith Haring pour comprendre l’origine de son activisme. Il grandit et commence sa carrière artistique en Pennsylvanie, puis à New York dans les années 70, période traversée par les émeutes raciales, pour l’égalité des droits et de nombreuses actions contre le nucléaire, sur fond de crise pétrolière et de récession.
Il s’associe très rapidement aux actions militantes et performances d’artistes du Club 57 (une boite de nuit où il croisera Basquiat, Warhol mais aussi Madonna ou Klaus Nomi) et met son art au service de causes internationales comme la lutte pour le désarmement nucléaire, ou celle contre l’apartheid.
Les dernières années de sa carrière sont marquées par son engagement dans la lutte contre le sida et les LGBT phobies.
Il laisse en héritage la Keith Haring Foundation après sa mort, en 1980 à l’âge de 30 ans. Celle-ci œuvre encore pour l’éducation, la prévention et l’aide aux organisations de lutte contre le sida et continue à promouvoir le travail de cet artiste dont les œuvres résonnent encore fortement par leur indéniable actualité.
Pour aller plus loin, plus haut, plus fort ! (et parce que rien ne vaut les œuvres « en vrai »)
Un exposition rétrospective sous le prisme de ces engagements se tient en ce moment au Palais des « Bozar » de Bruxelles jusqu’au 21 juillet.
Du 4 juillet au 29 août, l’agence immobilière et galerie d’art Sm’Art Immobilier propose une exposition gratuite qui lui sera entièrement dédiée. Au programme : des affiches d’exposition, des affiches de festivals, des sérigraphies, des collectors et une estampe rehaussée par l’artiste lors du vernissage de sa dernière exposition (Paris, 15 janvier 1990 à la Galerie 1900-2000). De quoi se plonger dans l’œuvre pléthorique d’Haring et de déceler son message résolument social et humanitaire.
Vous pouvez également retrouver des images de l’exposition rétrospective de 2009 qui s’est tenue au MAC Lyon.
Arte lui a consacré de nombreux documentaires, dont Keith Haring, le message déroulant de manière détaillée l’histoire de ses engagements militants (divisé en courts épisodes sur le site de télérama)