Les reco de la mission égalité-diversité – Février 2025

L'invité·e du mois

Ce mois ci c'est Véronique Deslandres, Enseignante - chercheure en informatique et référente égalité-diversité qui nous propose sa recommandation culturelle. Merci Véronique !

Les biais de l'IA - Biljana Petreska

Une recommandation de Véronique

Son travail traite des biais de données (observations basées sur un nb insuffisant de données : découvrir 8 nuages, en trouver 5 verts et en déduire qu’il y a plus de verts que d’indigo partout dans le ciel…) et des biais sociétaux (erreur de décision des algorithmes, ar ex. apporter une plante verte à un diner car on pense que « ce type d’hôte préfère les plantes vertes »).

J’aime le côté poétique de son approche… Tout d’un coup apparait un nuage corail : comment va-t-il agir ? il a la même forme que le nuage vert et aime les trèfles comme le nuage indigo : que va choisir l’algorithme ? S’il se base sur la forme (ex. la couleur de peau)… c’est la prolifération des préjugés ! La couleur de peau implique tel ou tel comportement… Malheureusement cela arrive si l’algo manque de critères plus rationnels.

Il y a aussi l’explication du risque associé aux « bulles de filtre ». Si on reste entre-soi, on développe le communautarisme et on a de plus en plus peur de l’autre, trop différent, dont on n’a parfois jamais entendu le récit de vie (racisme), les arguments (opinions)…

Ce qu’on retient de cette sensibilisation : les algorithmes des plateformes de RS (Instagram, Facebook, Tik Tok) ne savent que compter… compter différentes choses sur les données recueillies (couleur de peau, genre, etc.).
Si ces données sont insuffisantes ou fausses, cela conduit à de mauvaises décisions (choisir si on a le droit de recevoir un don d’organe, d’entrer à l’Université, d’aller en prison, de se voir octroyer un prêt bancaire…), ou de mauvaises recommandations.
Si nous, utilisateur, ne sommes pas assez critiques sur ce que nous proposent les RS, nous risquons sérieusement d’être influencé sans le savoir, et de croire en ce qu’on veut nous faire croire.
On ne peut pas supprimer les biais de ces algorithmes, car une grande partie des données sur lesquelles ces derniers se basent sont sexistes, racistes, homophobes.

Pour ceux qui veulent voir la source d’inspiration de Biljana PETRESKA, c’est ici :
https://ncase.me/crowds/fr.html (autrice géniale canadienne, non binaire et developpeuse de jeux : Nicky CASE, dont l’objectif récurrent est « .. [d’]aider les gens à comprendre les systèmes complexes).
– ou https://ayowel.github.io/trust/ de la même autrice, pour la Théorie des Jeux, et l’évolution de la confiance, dont je résumerai l’apprentissage ici :
Pour que la confiance se répande dans notre société, il faut :
– un nb suffisant d’interactions
– un max de relation gagnant/gagnant
– un faible taux d’erreurs de communication.
Notre problème aujourd’hui est que le notre environnement informationnel agit contre l’évolution de la confiance. Il agit même en faveur du développement de la méfiance. Chacun de nous peut toutefois agir, car sur le Long Terme, il démontre que ce sont les « joueurs » qui font le Jeu… alors qu’à Court Terme, le Jeu (ses règles et contraintes) fait les types de joueurs (tricheur, gentil, coopératif, etc.).

Nicky CASE : https://www.youtube.com/channel/UC2_zZ8QA-J3r-UiATQImmWg

No more matildas

Une recommandation de Julie

No More Matildas : Mettre en lumière les chercheuses

Dans le domaine scientifique, les femmes sont sous-représentées et leurs contributions négligées. No More Matildas, un site web espagnol (traduction en anglais disponible), s’attaque à cette invisibilité historique en mettant en avant les parcours et les réalisations des femmes dans les sciences. Son nom, inspiré de l’archétype Matilda Gage incarne un appel à faire sortir les femmes scientifiques de l’ombre et à reconnaître les véritables héroïnes de la science.

Je trouve ce site graphiquement très réussi, il propose également des ressources à télécharger comme par exemple un petit livret à ajouter à son agenda pour en savoir plus sur les femmes scientifiques oubliées de l’Histoire.

Les portraits de ces femmes sont également accessibles sur le site internet : connaissez vous Marie Lavoisier ? Dorothy Crowfoot ? Lise Meitner ? Emmy Noether ?

Vous pourrez faire leur connaissance :

Féminin Masculin : mythes et idéologies - Catherine Vidal

Une recommandation de Marthe

Ce mois-ci je vous recommande l’ouvrage collectif « Féminin Masculin : mythes et idéologies », dirigé par la neurobiologiste Catherine Vidal. A ses côtés, les contributions de six autres femmes scientifiques et un homme, dont les travaux sont issus de disciplines variées : psychologie, paléoanthropologie, biologie, sociologie, philosophie… 

Ensemble, ielles entendent répondre à cette question : qu’est-ce qui fait véritablement de nous un homme ou une femme ? Vaste projet ! Dans le débat public, nombreux.ses sont celleux à être tenté.es de mettre en avant des explications pensées comme « naturelles », biologiques. Des sexes différents, des cerveaux distincts… Les idées reçues ont la vie dure.

Avec rigueur et en mêlant apports des sciences dites « dures » aux sciences « humaines et sociales », cet ouvrage déconstruit nos représentations les plus ancrées. Chaque chapitre est extrêmement accessible et passionnant, même pour celleux qui, comme moi, ont un niveau lycée en sciences de la vie ou n’ont pas assisté à un cours de philo depuis la terminale ! 

L’occasion aussi de découvrir des chercheuses dont les travaux ont marqué la recherche française. 

Une recommandation de Solène

Je vous propose de découvrir à l’occasion de la journée des femmes et des filles de sciences (le 11 février) la série de podcasts « Sani’Terre » et notamment deux épisodes sur la place des femmes en sciences de la vie : On ne naît pas scientifique, on le devient.

Avec :
– Marianne Blanchard, sociologue du genre au CERTOP et MCF à l’Université Toulouse – Jean Jaurès,
– Yona Gouetta, chargée d’études égalité professionnelle et mixité des filières au Ministère de l’Enseignement Supérieure et de la Recherche,
– et Gwenaelle Dauphin, vétérinaire, virologiste et directrice de la Plateforme d’appui et d’investigation scientifique de Ceva Santé Animale.

33% des chercheur.es sont des femmes : elles restent encore largement sous-représentées dans la plupart des domaines scientifiques.
En abordant la question du plafond de verre, de l’effet Matilda, et des stéréotype de genre, les intervenantes discutent des raisons de cette sous-représentation, du moins dans certains domaines. Elles explicitent comment l’identité de genre, les médias, les productions culturelles, la famille et plus encore impactent la construction/vision binaire des rôles des femmes et des hommes.

Il est également question des enjeux structurels, citoyens et scientifiques de la place des femmes dans l’univers des sciences. Comment les stéréotypes genrés affectent les possibilités et choix de carrière ?
Culture du silence, libération de parole, rapports asymétriques, ou encore cellules d’écoutes : les intervenantes font en outre un état des lieux sur les violences sexistes et sexuelles dans la recherche.

Bonne écoute !