Cyberharcèlement et antiféminisme en ligne
Cyberviolence et cyberharcèlement : restitution des résultats d’une enquête auprès des Français et des Françaises
Laure Salmona, cofondatrice et Trésorière de l’association Féministes contre le cyberharcèlement
Partant du constat que les cyberviolences sont encore trop peu étudiées, l’association Féministes contre le cyberharcèlement a jugé nécessaire de les quantifier et de les documenter afin de mesurer l’ampleur du phénomène, de mettre en évidence ses ressorts spécifiques, et de favoriser la mise en place des campagnes d’information nationales et de modalités de recours satisfaisants pour les victimes. Avec le soutien du Fonds pour les Femmes en Méditerranée, l’association a commandité une enquête à l’institut de sondages IPSOS qui a interrogé du 2 au 4 novembre 2021 un échantillon de 1008 Français·es. La conférence reviendra sur les principaux résultats de l’enquête qui ont été rendus publics le 9 février 2022 à la suite du Safer Internet Day.
Les données collectées dressent un état des lieux alarmant : 41% des Français·es déclarent avoir été victimes de cyberviolences et 31% admettent en avoir commis. Les violences en ligne sont un phénomène extrêmement répandu qui cible en particulier les jeunes et les personnes appartenant à des groupes minorisés. Elles ont de lourdes conséquences sur la vie et la santé des victimes, parfois jusqu’à la tentative de suicide pour plus d’une victime sur 10. Pourtant, ces actes restent largement minimisés et impunis. La lutte contre ces violences repose encore principalement sur les victimes, qui, faute d’accompagnement satisfaisant en matière de signalement et de procédure judiciaire, développent des stratégies d’auto-défense ayant tendance à restreindre leur liberté́ d’expression.
La résistance des femmes face à l’antiféminisme en ligne : cartographie préliminaire et typologie des pratiques
Mélanie Millette, Ph.D., Professeure agrégée, Dép. de communication sociale et publique, UQAM, Laboratoire sur la communication et le numérique (LabCMO), Réseau québécois en études féministes (ReQEF)
Selon le PEW Research Center, les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de subir des violences en ligne (propos sexistes, insultes, harcèlement, intimidation, menaces). Amnistie internationale a révélé que les femmes sont également plus susceptibles de subir du harcèlement que les hommes sur Twitter, et que cette propension augmente dramatiquement pour les femmes racisées, LGBTQIA+, en situation de handicap, etc. – surtout si elles sont très visibles (journalistes, politiciennes). Dès lors, la diversité des impacts de ces violences sur les femmes, dans leur vie quotidienne, mais aussi dans la manière dont elles envisagent leur place sur Internet, devient un objet de recherche à questionner.
La conférence présente les résultats préliminaires de la première phase d’une recherche en cours (réalisée avec le soutien du Conseil de la recherche en sciences humaines du Canada, 2021-23), dont l’objectif est d’étudier comment les femmes résistent à l’antiféminisme en ligne par leurs pratiques de communication numérique. Le cadrage de cette problématique sera illustré par la présentation d’une cartographie des lieux de résistance des femmes sur différentes plateformes numériques (groupes Facebook, balados indépendantes, comptes TikTok et Instagram), ainsi que des pratiques de résistance, incluant les pratiques invisibles (comme le retrait numérique ou le silence politique), et visibles (comme le détournement et la guérilla).
Séminaire organisé par la MSH Lyon St-Etienne dans le cadre de ses axe Sociétés et humanités numériques et Genre.
Ce séminaire conjoint aux axes Sociétés et humanités numériques et Genre de la MSH Lyon Saint-Etienne a pour objet d’interroger les cyberviolences de genre, notamment le cyberharcèlement et l’antiféminisme en ligne. Deux interventions permettront d’aborder cette problématique sociale et de recherche à la fois sous l’angle de l’inscription de ces formes spécifiques de cyberviolence dans le continuum des violences et des discriminations liées au genre et sous l’angle des méthodologies de collecte des données et de recherche sur ces terrains numériques, en croisant ainsi les apports des études sur le genre et des humanités numériques.
Discutante : Aurélie Olivesi, Maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université Lyon 1, ELICO.
Evénement organisé par Adrian Staii (Univ. Lyon 3, ELICO).
Informations pratiques
Inscription gratuite mais obligatoire (en présentiel ou distanciel)
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