Bonjour Justine, peux tu te présenter ?
Je suis actuellement en dernière année de Master de psychologie sociale appliquée à l’Université Lyon 2.
Niçoise d’origine, j’ai d’abord effectué toute ma licence dans la région PACA pour enfin arriver dans la ville des lumières. J’ai choisi de poursuivre mon master à Lyon car ce dernier répondait à toutes mes attentes et me permettait alors de travailler sur mes sujets de prédilections par les divers enseignements qu’il propose.
Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours été attirée par les questions de justice. Pour autant, j’ai été attirée en premier lieu par la psychologie du travail, j’ai ainsi effectué un premier stage au sein d’un cabinet de recrutement.
Puis, c’est en rédigeant mon rapport de stage que j’ai compris l’importance pour moi de m’engager dans la lutte contre les discriminations. En effet, mon filtre de réflexion était davantage tourné en ce sens plutôt que sur les questions liées directement à la psychologie du travail. C’est alors que la psychologie sociale a sonné en moi comme une évidence.
Arrivée en Master 1, la loi de bioéthique et notamment le projet de loi sur la procréation médicalement assistée a fait son entrée dans le contexte politique. J’ai donc choisi de réaliser mon mémoire de M1 sur les représentations sociales de l’homoparentalité en relation avec le genre chez les parlementaires.
Puis, avec toujours cette volonté d’apprendre davantage sur ces sujets et de mettre à profit mes compétences dans ces domaines, j’ai cherché un stage qui pouvait me correspondre pour ma dernière année de master.
Ainsi, j’ai postulé au stage que la mission égalité-diversité de l’Université Claude Bernard LYON 1 proposait. Il était question de réaliser un podcast pour lutter contre les discriminations. D’une part, le fait qu’une Université s’engage dans un projet tel que celui-ci me semblait et me semble encore novateur. D’autre part, c’était pour moi l’occasion de m’intéresser aux discriminations subies à l’Université et ainsi de mieux comprendre le milieu auquel j’appartiens. Et enfin de pouvoir œuvrer en faveur de mes pairs et en apprendre toujours plus.
L’aventure était lancée et pendant 5 mois, j’ai travaillé en tant que stagiaire pour la mission égalité-diversité.
« […] faciliter l’accès au distributeur, réduire le sentiment de honte perçu, repérer les représentations sociales concernant les menstruations et la précarité menstruelle. »
Quelles ont été tes missions ? Quels projets as-tu menés ?
Mes missions comprenaient deux volets : la création du podcast Amphi 25 et la mise en place d’actions pour lutter contre la précarité menstruelle.
En collaboration avec Floriane, ma co-stagiaire, ainsi que l’ensemble de l’équipe de la mission, nous avons pensé le format du podcast et ses objectifs. Floriane a davantage travaillé sur ce projet. Elle a alors mené les entretiens avec nos témoins, puis à deux, nous réalisions les entretiens avec nos invité.es. Un travail d’équipe qui nous a appris, je pense, beaucoup.
Par la suite j’ai mis en œuvre un questionnaire afin d’évaluer le podcast. En effet, la mission souhaite conduire une deuxième saison l’année prochaine et ainsi cette évaluation va lui permettre d’ajuster le matériel pour répondre davantage aux objectifs fixés : donner un espace aux étudiant.es victimes de discrimination ; rendre visible ces situations ; et sensibiliser un grand nombre afin de lutter contre les discriminations.
En ce qui concerne le projet précarité menstruelle, la mission a installé cette année 6 distributeurs de protections périodiques au sein des différents établissements de l’université Lyon 1. Suite à quoi, j’ai réalisé trois affiches afin de les exposer à côtés des dispositifs. Un mini questionnaire a été alors effectué afin de savoir si les affiches remplissaient leur mission ; à savoir, faciliter l’accès au distributeur, réduire le sentiment de honte perçu, repérer les représentations sociales concernant les menstruations et la précarité menstruelle. Par la suite, un petit questionnaire interne a été créé à destination du personnel chargé des distributeurs ainsi que des utilisateurs et utilisatrices afin de mesurer la pertinence des dispositifs installés.
En outre, des distributions de protections périodiques lavables sont régulièrement faites sur les campus de Lyon 1 depuis 2020. Des coupes menstruelles et des serviettes lavables sont proposées aux étudiant.es. J’ai par ailleurs eu la chance d’en mener une le 7 avril à l’IUT de Bourg en Bresse grâce à l’aide précieuse de plusieurs membres de BDE.
Durant une semaine, la mission a co-animé des ateliers et conférences en partenariat avec l’association Clit à propos des tabous gynécologiques. J’ai alors eu l’occasion de conduire un atelier sur la précarité menstruelle le 31 mars dernier. Celui-ci avait pour objectif de faire prendre conscience et sensibiliser autour des tabous et stéréotypes liés aux menstruations, au corps et à la précarité menstruelle. Il s’agissait d’aider les participant.es à être capable de définir les tabous; savoir lister les chiffres clés autour de la précarité menstruelle; savoir identifier les liens entre menstruations, précarité, corps et hygiène, tabous, stéréotypes et inégalités de genre.
Enfin, il m’a été donné la mission de construire des outils de sensibilisation pour lutter contre la précarité menstruelle. Pour ce faire, j’ai interrogé plusieurs étudiant.es afin de saisir leurs représentations sociales autour de ce sujet mais également leurs besoins. C’est par ailleurs, sur cette dernière mission que mon mémoire de fin d’année portera.
Mes projets pour la suite restent dans cette même lignée puisque j’aimerai poursuivre en thèse sur cette thématique précisément car tout reste à faire.
« La bienveillance est déjà une première forme d’activisme. »
Que retiens-tu de ces 5 mois de stage ?
La bienveillance est le maitre mot de ce stage. Il ne s’agit pas d’être tolérant pour lutter contre les discriminations, il s’agit bien d’être actif et active. La bienveillance est déjà une première forme d’activisme. Les discriminations, même si nous avons peut-être tendance à penser qu’elles ne sont pas ou peu présentes au sein de l’Université, existent et il est important alors de les rendre visibles de toutes les manières possibles.
Concernant la précarité menstruelle, c’est une problématique qui a été trop longtemps oubliée et il est fondamental de mettre en place des actions pour lutter contre. Pour ce faire, il ne s’agit pas seulement de distribuer des protections périodiques à tous et toutes mais il est nécessaire selon moi d’en parler pour briser les tabous des menstruations.
Par ailleurs, les étudiant.es sont bien plus engagé.es sur ces thématiques qu’on ne peut le penser et ils et elles n’attendent que les mains tendues des organisations dans lesquelles ils et elles vivent quotidiennement. En effet, l’université est une instance source de changement et grâce à des organisations telles que la mission égalité-diversité, il est possible de faire de grandes et belles avancées.