Alexandra Veyrac et Emmanuelle Courtiol
Parcours
ndlr : à duo exceptionnel, mise en page exceptionnelle !
Emmanuelle
J’ai réalisé l’ensemble de mon cursus universitaire à l’Université Claude Bernard Lyon 1 (Licence biologie 2004-2007 ; Master Physiologie et Neuroscience 2007-2009 et thèse 2009-2012). A la suite de ma thèse, je suis partie à New York pour réaliser un post-doctorat. J’ai réalisé un seul post-doctorat mais d’une durée assez longue aux États-Unis (5 ans). En 2017, j’ai passé le concours de chargée de recherche au CNRS et j’ai été recrutée au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon. L’équipe « Olfaction, du codage à la mémoire » et notamment Alexandra m’ont beaucoup épaulée et fait répéter pour le concours. J’ai pris mes fonctions début 2018 dans la même équipe que celle d’Alexandra. C’est une équipe que j’ai choisie et souhaité rejoindre parce que son atmosphère de travail est excellente et parce que les membres de l’équipe couvrent un large panel d’expertises, favorisent les collaborations et soutiennent leurs chercheurs.
Alexandra
Mon parcours est marqué par une importante mobilité géographique. J’ai obtenu une Licence-Master 1 de Biologie cellulaire et physiologie à l’Université de Besançon (1996-2000). Ma rencontre avec les Neurosciences s’est faite en Master 2 (2000-2001) puis en thèse à l’Université Claude Bernard Lyon 1 (2001-2005). Après 1 an comme ATER (attachée temporaire d’enseignement et de recherche) à l’UCBL j’ai réalisé une série de post-doctorats en Europe, 1 an à Turin en Italie, 1 an à Liège en Belgique et 5 ans à Orsay en France. Ces expériences de recherche diverses et variées ont sculpté de façon de plus en plus précise la chercheuse que je suis et le sujet de recherche que j’ai décidé de développer au CNRS depuis 2014 dans l’équipe « Olfaction, du codage à la mémoire » dans le Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon. Comme Emmanuelle, le choix de cette équipe a été motivé par l’envie de rejoindre une famille scientifique riche d’expertises variées, complémentaires des miennes et d’une ambiance de travail propice au développement d’une carrière épanouie.
Fonctions
Emmanuelle
Mon projet principal porte sur les réseaux neuronaux et les mécanismes mis en jeu dans les processus attentionnels. Effectivement, l’attention est une fonction cognitive majeure et les déficits attentionnels se retrouvent dans de nombreux troubles psychiatriques. Il est donc critique de pouvoir en comprendre les mécanismes sous-jacents. Mon projet vise à étudier l’attention aux odeurs. Pourquoi l’olfaction ? Parce que c’est un système sensoriel relativement simple et affecté de façon précoce dans de nombreux troubles neuropsychiatriques. Les discussions au sein de l’équipe et le savoir-faire de chacun est critique à la réalisation de ce projet.
Alexandra
Je m’intéresse aux mécanismes de plasticité du cerveau adulte et en particulier à ceux qui sont impliqués dans la mémoire. Je cherche aujourd’hui à comprendre comment la formation constante de nouveaux neurones dans des régions restreintes du cerveau (la neurogenèse adulte) participe à la formation et au stockage à très long terme des souvenirs d’épisodes de vie. Je collabore avec Emmanuelle et d’autres collègues de l’équipe pour comprendre comment le dialogue de différentes aires cérébrales participe à mettre forme et à récupérer un souvenir épisodique complet.
Quels sont vos projets ?
Un Projet de recherche commun
En plus des thématiques et des sujets de recherche qui nous sont propres, nous travaillons également sur un projet à la croisée de nos compétences sur la maladie de Parkinson. Outre ses déficits moteurs, la maladie de Parkinson s’accompagne de troubles sensoriels, émotionnels et cognitifs, de troubles de la dynamique respiratoire et des rythmes cérébraux. Notre hypothèse est que ces altérations de la dynamique respiratoire contribuent aux troubles des rythmes cérébraux et comportementaux. Par une approche multidisciplinaire innovante, où chacune nourrit le projet de son expertise théorique et méthodologique (Emmanuelle sur les rythmes cérébraux et Alexandra sur la mémoire), nous avons pour but de découvrir quels sont les paramètres respiratoires qui orchestrent les rythmes cérébraux nécessaires à la mise en place des processus sensoriels, émotionnels et cognitifs non pathologiques.
Une vision commune du métier de chercheur et de son environnement
De notre point de vue, un projet scientifique n’est jamais un projet individuel. Dès la première étape qui consiste à établir une hypothèse de recherche, le scientifique se nourrit des données obtenues par la communauté scientifique internationale et des discussions avec ses collègues dont les expertises complémentaires lui permettent d’affiner ses hypothèses de travail et les choix stratégiques et méthodologiques pour les explorer. Lors de la réalisation des expériences, le chercheur est accompagné de techniciens, ingénieurs et étudiants qui œuvrent à faire avancer le projet rapidement. Le scientifique développe son projet dans un laboratoire qui vit grâce au travail d’un ensemble de personnels gérant les besoins administratifs, techniques, et informatiques. Enfin, un projet de plus grande envergure nécessite souvent une approche pluridisciplinaire qui s’appuiera sur plusieurs chercheurs voire même sur plusieurs équipes parfois internationales dont les différentes expertises seront mises au service d’une question commune.
Une envie similaire d’un épanouissement réussi
Finalement, nous souhaitions aborder un sujet important lorsque l’on est une femme dans le milieu de la recherche, celui de l’équilibre entre la carrière professionnelle et la vie personnelle. La recherche est un métier absolument passionnant mais qui peut prendre beaucoup de temps, qui nécessite une mobilité géographique à des moments critiques de la vie et dont l’accès à un poste pérenne est long et très compétitif. Tout au long du parcours d’une scientifique, il est nécessaire de trouver le bon équilibre entre les attentes et les envies émanant du monde de la recherche et celles issues de la vie en dehors de la science. Être efficace au laboratoire, avancer dans ses recherches qui sont parfois chronophages et avoir une vie personnelle et familiale est conciliable mais nécessite de savoir s’organiser et de connaitre ses limites. Trouver une organisation optimale de sa journée pour être la plus efficace possible, prioriser ce qui est critique de ce qui ne l’est pas et se focaliser sur un certain nombre de projets en sachant parfois dire non, sont les ingrédients de la carrière d’une chercheuse épanouie. Nous sommes deux exemples de ces scientifiques et femmes qui ont trouvé cet équilibre.