La formation « J07 – Se former à la LSF (Langue des Signes Française) » organisée pour les personnels de l’université Claude Bernard Lyon 1 vise plusieurs objectifs :
Objectif général du cycle A1 (comprenant 4 modules de 30 heures)
~ Communiquer de façon simple avec un interlocuteur signant lentement
Objectifs du module A1.1
~ Comprendre et utiliser des expressions familières et quotidiennes
~ Se présenter ou présenter quelqu’un y compris en utilisant l’alphabet manuel et poser à une personne des questions la concernant~ Communiquer de façon simple si l’interlocuteur signe lentement et distinctement et se montre coopératif
Cette formation s’inscrit dans le cadre du cycle A1 du parcours d’apprentissage de la LSF en suivant les objectifs du cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL), comprenant 4 modules de 30 heures.
2 session en 2018, la 1ère ayant eu lieu de janvier à mai et la seconde de mai au mois de juillet 2018. Elles ont accueilli chacune 12 participantes et participants. La formation sera renouvelée en 2019.
Certain.e.s stagiaires ont accepté de nous livrer leurs impressions :
Elodie Deville – Scolarité FST – Personnel Adjaenes : Vers les 1 an de ma deuxième fille, j’ai essayé de lui apprendre quelques signes de LSF afin de communiquer avec elle. N’ayant aucune formation, je me suis basée sur un livre et nous avons réussi à nous comprendre mais sur très peu de signes au final puisque ma fille ayant acquis le langage au fil des mois, nous avons un peu abandonné. Puis la formation est sortie et je me suis dit que c’était un bon tremplin pour nous. Par ailleurs, ma petite sœur est malentendante (mais sans besoin de LSF), ce qui fait que le sujet me touche. En ayant des fonctions d’accueil, je souhaite pouvoir être en mesure de répondre à d’éventuels étudiants sourds ou malentendants.
La formation en elle-même s’est très bien déroulée. Nous étions un groupe sympa, pas trop nombreux, ce qui nous a permis d’être vraiment dans l’échange. Nous avons eu la chance d’avoir un formateur très agréable, sachant être pédagogue et plein d’humour !
A ce jour, ma fille étant une vraie pipelette, la LSF n’est plus présente à la maison. Mais pourquoi pas, cela intéressait également mon ainée de 6 ans.
Pour la petite anecdote, lors d’une brocante, je suis tombée sur un jeune vendeur sourd. J’avoue être restée un peu surprise et je n’ai pas vraiment échangé avec lui à part bonjour et merci…ce qui l’a touché. Mais j’aimerais poursuivre la formation pour aller plus loin et pouvoir tenir une vraie conversation la prochaine fois ! J’ai hâte aujourd’hui de poursuivre les modules suivants, et si cela peut être avec Jean-Philippe, notre formateur, ce serait génial !
Nathalie Bertocchi – Faculté de médecine et de maïeutique : J’ai fait une initiation LSF avec ma fille (10 ans à l’époque) en 2012. Jusqu’en septembre 2018, je travaillais à l’Observatoire de Lyon, nous rencontrons de nombreux publiques variés, et j’ai souhaité me former à la LSF pour continuer la 1ère approche que j’avais eu. Ce fut une belle formation avec un enseignant très expressif et il vaut mieux pour se faire comprendre à des entendants ! Je souhaite continuer cette formation, même si j’ai changé de poste. Restant en contact avec des publics divers, il faut savoir s’ouvrir aux autres. Il m’arrive de rencontrer des sourds dans la vie quotidienne, j’aime les voir signer, mais je n’ai jamais osé les aborder pour essayer de communiquer. De plus, je me rends bien compte qu’il signe très vite et mon cerveau ne suit pas ! Comme toute langue, c’est la pratique qui nous rend meilleur, alors espérons que cette formation continue et que nous puissions évoluer.
Ce mode de communication est en train de se développer dans le domaine de la petite enfance, afin qu’il puisse s’exprimer avec les mains avant l’oral ! très intéressant comme approche.
Maryline Belmonte – BVE : Quelle bonne idée qu’a eu l’université de proposer cette formation… je me suis inscrite et j’ai espéré de tout mon cœur être retenue pour apprendre cette « langue » qui me fascine depuis tant d’années.
1ere promo 2018 cours LSF A1-1 de l’UCBL : une équipe joyeuse, dynamique, motivée, orchestrée par un formateur malentendant d’une patience et d’une pédagogie exceptionnelle. Jeux de rôles à chaque début de cours pour réviser le cours précédent. Oser parler et « signer » en public sans se juger les uns les autres, dans une ambiance détendue. Attendre avec impatience le prochain cours afin d’apprendre encore et encore. Réviser à la maison devant son miroir est parfois comique, j’ai fait rire plus d’une fois ma petite famille, s’endormir en signant son alphabet pour ne pas l’oublier et partager cette passion de la LSF avec ma fille en lui apprenant à signer.
Dans mon travail, je n’ai pas encore été amenée à signer avec un malentendant, mais le jour où cela se présentera je serai prête et fière de mettre en application ma nouvelle « langue ». A la fin de la formation, nous avons tous passé un test individuel avec le formateur afin d’obtenir notre attestation de réussite pour le niveau A1-1. Nous l’avons tous obtenu et nous attendons avec impatience la prochaine formation pour le niveau supérieur J
Olivier Daunay – ESPE :
Alors, comment dire pour que tout cela ne paraisse pas obséquieux ou directement tiré du grand livre des bisounours ? La formation LSF est absolument parfaite. Il y a cependant un gros vice caché dont je parlerai plus tard (!)
Mais examinons les points positifs :
– Le formateur, jovial et très à l’aise sait prendre en charge un groupe d’entendant sans laisser jamais paraître son désappointement.
– Il maîtrise parfaitement les outils nécessaires à la communication en LSF, mais aussi à l’apprentissage. Sa pédagogie fondée sur la construction et non sur la compensation permet à chaque apprenant d’être gauche ou habile en fonction de ses aptitudes physiques, tout en progressant dans l’apprentissage sans être ridicule.
– Patient et bonhomme, le formateur a cependant une exigence élevée qui entraîne tout le groupe.
– L’enseignement met en évidence des liens logiques, et bien sûr, comme dans la langue parlée, des exceptions étonnantes.
– La qualité des rapports entre le professeur et les élèves a conduit à resserrer les liens entre les élèves eux-mêmes. La découverte de la LSF, dénuée de pathos ou de jugement devient joyeuse et échappe au cadre délimité par le respect d’un handicap.
– Loin de pouvoir communiquer librement, un contrôle nous permet de penser que ça peut venir.
C’est d’ailleurs là que se cache le vice de l’opération ! Cette formation donne envie de continuer, de progresser, pour les multiples résultats et bienfaits qu’elle procure. Communiquer à l’occasion avec un malentendant, comprendre comment se construit une langue, repérer des signes dont l’utilisation est courant chez les parleurs, sont des objectifs qu’il faut entretenir. Mais cela devient difficile après la formation. Et le temps transforme très vite ce joli souvenir en frustration, même si on scrute régulièrement les informations des chaînes publiques qui font l’effort de les doubler avec un signage français.