Journée d’étude : « Paradigmes des corps en mouvement »

Le Laboratoire sur les Vulnérabilités et l’Innovation dans le Sport (L·ViS, EA7428), en partenariat avec l’UFR-STAPS de l’université Claude Bernard Lyon 1, la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord (USR 3258), la Société francophone de philosophie du sport (SFPS) et la Société française d’ethnoscénologie (SOFETH), vous invite à la journée d’étude

Paradigmes des corps en mouvement

6 juin 2018 9h30 › 17h

dans l’amphithéâtre Pierre Arnaud – Université Claude Bernard Lyon 1

27-29 Boulevard du 11 novembre 1918 – Villeurbanne (69100)

 

PROGRAMME

09h-09h15 Accueil des participants et du public

  • 09h15-09h30 Allocution d’ouverture Yannick VANPOULLE, Lyon 1

 

9h30-12h ATELIER I : EXPÉRIENCE DU CORPS HANDI-ORDINAIRE. Modérateur Raphaël VERCHÈRE

  • 9h40-10h10 ◗ Le corps capacitaire : la vivacité du vivantBernard ANDRIEU, Paris- Descartes, SFPS
  • 10h10-10h40 ◗ Motivation : passer de la performance à l’exploration humaine de soi, Jérôme GOFFETTE, Lyon 1
  • 10h40-11h10 ◗ Handicap, diversité corporelle et paradigme de la compétition sportive : Analyse historique des évolutions catégorielles à la FFSHP (1968-1975), Damien ISSANCHOU, Lyon 1

Table ronde : 11h10-12h

 

13h-16h40 Atelier II : CORPS, SCÈNES ET TECHNIQUES NOMADES. Modérateur Pierre PHILIPPE-MEDEN

  • 13h10-13h40 ◗ Les techniques du corps “nomades” entre la France, les États-Unis et l’Inde : de l’engagement féministe dans la “gymnastique harmonique” à l’élaboration de la Modern DanceTiziana LEUCCI, CNRS-CEIAS
  • 13h40-14h10 ◗ Techniques nomades, la mise en pièce du paradigme “corps” par les sciences contemporaines et les cultures ancestralesNancy MIDOL, Université Côte d’Azur-LAPCOS
  • 14h10-14h40 ◗ Danse, théâtre, méditation et arts martiaux : le training de Jerzy Grotowski à l’épreuve des catégoriesNathalie GAUTHARD, Université de Nice Sophia Antipolis, SOFETH
  • 14h40-15h10 ◗ Fragments franco-indochinois des corps amoureux, François GUILLEMOT, ENS LYON

Table ronde : 15h10-16h

 

15h30-16h30 Atelier III : ÉPISTÉMOLOGIE DES CORPS TRANSGRESSIFS. Modérateur Philippe LIOTARD

  • 16h10-16h40 ◗ Savoirs-pouvoirs sur les trans, savoirs trans et décontractions de la binarité des normes, Maud-Yeuse THOMAS, Coprésidente de l’Observatoire des Transidentités
  • 16h40-17h10 ◗ Construction d’un corps transgressifKei Magnani

Table ronde ◗ 17h10-18h

 

ARGUMENTAIRE

En prélude à la troisième Semaine Internationale du Corps (BodyWeek 3), les forces lyonnaises de la Société francophone de philosophie du sport (SFPS) proposent, en partenariat avec le Laboratoire sur les Vulnérabilités et l’Innovation dans le Sport (EA7428), une journée d’études à l’UFR-STAPS de l’Université Claude Bernard Lyon 1. L’objet de la journée questionne de manière critique l’épistémologie dominante du corps établie dans le champ des Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS).

Le corps sportif est ici compris en tant que paradigme d’un corps« occidental », rationnel et fonctionnel ; c’est un corps qui marche, qui est efficace certes, mais qui se voit façonné par de l’imaginaire, des croyances savantes autant que des croyances naïves. L’approche critique de l’ethnocentrisme dans l’épistémologie du corps stapsien ne prétend pas proposer un nouveau modèle paradigmatique, mais davantage saisir la pluralité épistémologique autour du corps par le champ de la philosophie du sport : corps du normal, corps du social, corps du politique, etc. Cependant l’expression même « philosophie du sport » comme discipline de référence ne mériterait-elle pas également d’être mise en relief d’un point de vue anthropologique, dans le sens où nommer « philosophie du corps » ce que Daniel Dubuisson reconnaît comme « sagesses de l’homme » (Dubuisson, 2004) : yoga, bouddhisme, etc., reviendrait également à un ethnocentrisme nominal ? Existe-t-il des philosophies de l’ailleurs, non euro-américaines ? (Dalissier, Shin et Yasuhiko, 2004). La pratique des somaticien.ne.s sera sollicitée tout comme la pratique de celles et de ceux qui ont été capables de produire un savoir sur le corps sans pour autant mettre ce savoir en discours. Quels centrismes se constituent-ils en point d’achoppement : centrismes scientifiques, centrismes de mouvement physique,centrismes culturels, centrismes médiatiques, etc. ? Comment et/ou à partir de quelles autres références paradigmatiques se décentrer pour penser le corps en mouvement, son identité, son imaginaire, sa diversité ? Suivant Thomas Khun, le paradigme est l’impensé qui permet de mettre en norme le réel, une pluralité épistémique pour penser la réalité (Kuhn, 1962) : les différentes manières de percevoir le corps en mouvement sont ainsi souvent irréconciliables, ne retenant de la réalité décrite que les aspects saillants leur donnant sens, ne pouvant percevoir ce qui les réfute. Sans pour autant sombrer dans un relativisme conduisant à abandonner l’idée d’une « vérité » du corps en mouvement qui puisse être universelle, il s’agira de montrer la légitimité d’autres manières de le penser, de pratiquer, de sentir son corps. L’émersiologie et l’écologie corporelle (Andrieu, Sirost, 2014 ; Andrea, Sirost, 2017) prennent ici tout leur sens, en ce qu’elles permettent de penser autrement qu’au travers du paradigme de la performance et de la compétition les rapports du corps à son environnement. Le corps qui se transforme n’est pas seulement le corps qui court, mais le corps qui se transforme en lui-même par lui-même.

La journée s’articulera sous forme de communications ouvertes mettant en jeu différentes corporéités qui produisent des sensibilités « extra-quotidiennes » (Barba, Savarese, 2008) : corps luttés, corps dansés, corps extrêmes, corps capacitaires, corps transformés,corps handi-ordinaires, corps au-delà, en-deçà ou à côté des limites scientifiquement ad- mises, corps vécu, corps du chercheur lui-même, corps transformés, corps transgressifs,corps désirés, etc. N’est-ce pas à l’épistémologie contemporaine de réfléchir à la pluralitéde ces paradigmes du corps, de les solliciter, de les faire se rencontrer et dialoguer ? Les paradigmes des corps en mouvement se déploieront en trois thèmes : corps et techniques nomades, expériences du corps handi-ordinaire et corps transgressifs.

PISTES BIBLIOGRAPHIQUES

 

  • Fabio d’Andrea, Olivier Sirost (dir.), Écologies corporelles, Corps. Revue interdisciplinaire,n°15, Paris, CNRS Éditions, 2017.
  • Bernard Andrieu, Les avatars du corps, Paris, Liber, 2011.
  • Bernard Andrieu, Oliver Sirost, « Introduction à l’écologie corporelle », Société, n°125, 2014, p. 5-10.
  • Eugenio Barba, Nicola Savarese, L’Énergie qui danse, Traduit de l’italien par Eliane Deschamps-Pria, 2e édition revue et augmentée, L’Entretemps, 2008.
  • Claude Bayer, Approches actuelles d’une épistémologie des activités physiques et sportives, Paris, L’Harmattan, 1999.
  • Georges Canguilhem, Le normal et le pathologique, Paris, PUF, 2013.
  • Marceau Chenault et Nancy Midol (dir.), Pratiques de consciences / Consciousness-based Practices, STAPS, n°117-118,De Boeck, 2017/3-4.
  • Michel Dalissier, Nagai Shin et Sugimura Yasuhiko (textes réunis par), Textes clés de la philosophie japonaise. Le néant, le monde, le corps, Paris, Vrin, 2013.
  • Gilles Deleuze, Félix Guattari, L’anti-OEdipe, Paris, Les Editions de Minuit, 1972.
  • Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux, Paris, Les Editions de Minuit, 1980.
  • Daniel Dubuisson, Les sagesses de l’homme. Bouddhisme-paganisme-spiritualité chrétienne, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2004.
  • Michel Foucault, Histoire de la folie, Paris, PUF, 1976.
  • Michel Foucault, Les anormaux, Paris, Gallimard, 1999.
  • Michel Foucault, Le corps utopique, les hétérotopies, Paris, Nouvelles Éditions Lignes, 2009 [1966].
  • Mondher Kilani, Pour un universalisme critique. Essai d’anthropologie du contemporain, Paris, La Découverte, 2014.
  • Thomas Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion, 2008 [1962].
  • Sylviane Pagès, Le butô en France. Malentendus et fascination, Pantin, Éditions du CND, « Recherches », 2008.

 

Comité d’organisationPhilippe Liotard (Lyon 1, L·ViS, SFPS, SOFETH), Pierre Philippe-Meden (Lyon 1, L·ViS, MSH Paris Nord, SOFETH, SFPS), Raphaël Verchère (Lyon 1, L·ViS, SFPS)

Comité scientifique : Petrucia DA NOBREGA (Univ. Fédéral de Rio Grande do Norte, Natal-Brésil, SFPS) ; Aurélie EPRON (Univ. Lyon 1) ; Jacques GLEYSE (Univ. Montpellier) ; Gilles LECOCQ (ILEPS, SFPS) ; Jean- Marie PRADIER (Univ. Paris 8, MSH Paris Nord, SOFETH) ; Patricia RIBAULT (Univ. Humboldt-Berlin) ; Olivier SIROST (Univ. Rouen CETAPS, SFPS) ; Yannick VANPOULLE (Univ. Lyon 1).

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