Portrait :Heather Harker, chargée de mission handicap

Heather Harker est chargée de mission handicap depuis le 1er septembre 2015. D’origine américaine, elle a un parcours bien spécifique. Elle nous explique quelles sont ses motivations pour ce poste et le rôle de la mission handicap, plus précisément à Lyon 1.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Heather HARKER.  J’ai 43 ans et j’ai plusieurs fonctions au sein de l’Université.  Je suis enseignante chercheuse et référente pédagogique en physique.  Depuis le 1er septembre 2015, j’assure également la direction du service de la Mission Handicap en tant que référente handicap des étudiants.  Enfin, je coordonne avec la DRH les actions en direction des personnels, j’interviens donc autant sur le volet étudiant que personnel.

D’origine américaine, je suis venue une première fois en France à l’âge de 17 ans dans le cadre d’un échange culturel. Après l’obtention de mon Baccalauréat américain, j’ai continué d’apprendre la langue française, puis j’ai passé mon baccalauréat français au Lycée Polyvalent de Royan.

J’ai ensuite intégré la faculté de sciences de l’université de Poitiers sans vraiment connaître le système d’enseignement supérieur français. Après avoir obtenu un DEUG en chimie expérimentale, je suis repartie aux États-Unis car l’approche pédagogique américaine me manquait.

J’ai alors obtenu un Bachelor en Science, mention Chimie (à l’université de l’Illinois, Chicago).  Puis, sur les conseils de mes enseignants, je me suis lancée dans un parcours Master-Doctorat en physique-chimie (à l’université de Californie, Berkeley).

Deux jours avant la soutenance de mon Master, on m’a diagnostiquée une maladie orpheline.  C’est à ce moment-là, que la santé a pris une importance particulière pour moi et que j’ai pris à cœur d’entreprendre une formation autodidacte dans le domaine du handicap.

Après l’obtention de ma thèse à Berkeley en décembre 2004, je suis revenue en France.

J’ai d’abord poursuivie une collaboration avec une équipe de théoriciens de l’université de Montpellier, puis j’ai accepté un stage postdoctoral avec le CEA, dans le cadre de l’Institut de Chimie Séparative de Marcoule.  En 2008, j’ai obtenu mon poste de Maître de Conférence au département de physique de l’université Lyon 1 et j’y suis depuis!

 

Quels sont les rôles de la mission handicap de l’Université Lyon 1 ?

La Mission Handicap de l’Université est un service autonome, distinct et entièrement dédié à l’accueil et l’accompagnement des étudiants en situation de handicap.  Lors de sa création en 1994, elle accompagnait 40 étudiants en situation handicap.  Aujourd’hui, alors que le nombre d’étudiants de Lyon 1 a presque doublé, le nombre d’étudiants en situation de handicap pris en charge s’élève à plus de 500 !  Cette augmentation spectaculaire est d’une part due à l’inclusion de droit apportée par la loi de 2005, mais aussi aux efforts spécifiques de Lyon 1 pour dépasser la simple intégration et œuvrer vers une université inclusive qui est, par définition, conçue pour assurer des conditions d’études et de travail en adéquation aux besoins de toutes personnes, y compris celles en situation de handicap.

Plus précisément, la Mission Handicap coordonne la demande de l’étudiant pour bénéficier d’aménagements d’examens et/ou d’études personnalisés afin d’assurer son droit d’accès au savoir.  Pour ce faire, elle pilote une équipe plurielle, sur mesure, qui étudie les conséquences du trouble de santé de l’étudiant sur les études universitaires envisagées.  Afin d’avoir un avis clair de la situation médicale de l’étudiant, la Mission Handicap collabore étroitement avec le Service de Santé Universitaire (SSU).  En effet, chaque étudiant est reçu par un médecin désigné par la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH) qui prend connaissance du dossier médical et partage son avis sur les aménagements à envisager.  La Mission Handicap fait alors une proposition renseignée au Président de l’Université, visant la compensation équitable, qui décide alors des aménagements d’examen accordés.

Enfin, la Mission Handicap se réunit individuellement avec les responsables de formation et les référents pédagogiques afin de les accompagner dans l’articulation des aménagements d’études à mettre en place pour chaque étudiant.

La Mission Handicap assure aussi des actions de sensibilisation et se porte généralement référente dans le domaine du handicap.  Tous les ans, elle organise des journées de partage autour du handicap pendant lesquelles sont proposées diverses activités de submersion telles un repas dans le noir, une initiation à la Langue des Signes Française (LSF), un exercice de surcharge cognitive ou un film sur le handicap.  Les dates à retenir pour cette année sont le 28 et le 30 mars sur les sites de Rockefeller et La Doua.

La Mission Handicap participe également aux formations et aux enseignements sur le handicap et propose du sport adapté aux étudiants en situation de handicap en collaboration avec les étudiants stagiaires du parcours Activité Physique et Adaptée et Santé (APAS) de l’UFR STAPS.

Par ailleurs, la Mission Handicap est un service transversal qui porte en elle la politique globale de l’Université en matière de handicap, d’accessibilité, d’insertion et de maintien dans l’emploi.  De ce fait, elle travaille étroitement avec de nombreux services internes tels le Service d’Orientation et d’Insertion Professionnelle des Etudiants (SOIE), la Bibliothèque Universitaire, les services de scolarité, la Direction du Patrimoine (DIRPAT), ainsi qu’avec de nombreux partenaires extérieurs comme le CROUS, ARPEJE’H, l’Université de Lyon (UDL) et la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Quelles sont vos motivations et/ou ambitions en tant que chargée de mission handicap ?

Ce qui m’intéresse c’est la dimension humaine du handicap et le rôle que l’éducation doit jouer dans son évolution.  Si les troubles de santé ont toujours existé, le handicap est une notion sociétale relativement récente qui concerne le respect des droits fondamentaux de l’homme.  La loi “Handicap” de 2005 est “pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées”.  Le handicap transcende tout âge, toute origine, toute ethnie, tout niveau socioculturel.  Il est à la fois individuel et collectif.  Selon les estimations de l’INSEE, le handicap concernerait 25% de la population française.  Toutefois, pour beaucoup de personnes et paradoxalement, même celles concernées, il s’agit encore d’une opposition entre “eux et nous”.  Le défi est donc de changer cette conception afin d’arriver à une société inclusive qui assure l’accès à tout, pour tous.

Actuellement, l’enseignement supérieur est dans une posture de compensation individuelle pour assurer cet accès universel, tant sur le volet étudiant que sur le volet personnel.  Nous mettons en place de plus en plus d’aménagements d’examens, d’études et de postes de travail.  Ceci témoigne certes de la reconnaissance de la place des personnes en situation de handicap dans nos établissements, mais aussi du caractère non-inclusif de ces derniers.  En tant que chargée de mission handicap, je mets tout en œuvre pour que l’Université Lyon 1 se vive différemment, de telle sorte que la compensation individuelle ne soit pas l’unique réponse aux situations de handicap.  Afin de définir des objectifs clairs et d’impulser cette refonte, un Schéma Directeur Handicap, dont je suis chargée, sera adopté pour la première fois par les instances de l’Université Lyon 1 en 2017.