L’orientation a-t-elle un sexe ?

Depuis ces vingt dernières années, on remarque un changement concernant l’orientation entre les filles et les garçons. En 2010, selon l‘INSEE, deux filles sur trois obtenaient leur baccalauréat, contre un garçon sur deux. Les filles sont de plus en plus diplômées, mais l’orientation reste inégalitaire : selon les filières de formation, les femmes seront majoritaires alors que les hommes le seront dans d’autres, et les unes comme les autres seront quasiment absents ailleurs.

Cette ségrégation horizontale, définie comme la répartition inégale dans les filières d’études en fonction du genre, reste un problème présent dans de nombreuses universités françaises et en Europe (voir ici document d’archive du MEN et la base de données Eurostats) .

Cependant, certaines organisations ont pris en main le problème de cette orientation genrée, en publiant chaque année des chiffres clés de l’évolution de la présence des hommes et des femmes dans certaines filières, notamment les filières scientifiques et techniques. C’est en effet au sein de ces filières que la présence des femmes reste minoritaire et évolue le plus lentement (+4% ces dix dernières années).

A l’Université Lyon I, l’exposition MIX’iti, conçue par le Service d’Orientation et d’Insertion Professionnelle des étudiant-e-s, et soutenue par la Mission Egalité, a permis de valoriser la mixité dans les filières, y compris (et surtout) dans les filières où le rapport Femmes/Hommes est très disproportionné, à partir de témoignages d’étudiant-e-s diplômé-e-s de l’université. L’exposition a également publié les chiffres et évolutions au sein de l’université, ainsi qu’au niveau régional et national (voir les chiffres). Les femmes sont minoritaires dans l’ingénierie (23,9%) et en STAPS (27,5%), et les hommes sont peu présents dans la santé (32,4%) et en ESPE (22,9%).

Cette inégalité de présence soit masculine soit féminine dans certaines filières aura une répercussion dans les différents corps de métiers, ce qui perpétue les stéréotypes de genre dans différentes professions. Selon un rapport de 2014, seulement 17% des métiers sont considérés comme aboutissant à une certaine parité, car ayant au moins 40% de représentants de chaque sexe. Notons que selon ce rapport, la parité n’est pas considérée comme effective lorsqu’on atteint 50% de représentants de chaque sexe, ce qui correspondrait pourtant à une vraie définition d’une présence paritaire.

De plus, certains postes peu valorisés socialement seront occupés quasiment exclusivement par des femmes comme les assistantes maternelles, aides à domicile et aides ménagères, professions à 95% féminines (on parle alors de ségrégation verticale). Des actions ont donc été mises en place par le Ministère de l’Education Nationale pour pallier aux inégalités de genre en ce qui concerne l’orientation scolaire. La loi du 8 juillet 2013 vise en effet à réduire les inégalités au sein de l’enseignement (de la primaire au lycée), notamment les inégalités de genre, en formant par exemple les enseignants, pour une école intégrant pleinement l’égalité entre les filles et les garçons (voir par exemple le rapport Former et enseigner sur la (non-)discrimination à l’Ecole). Le Réseau Canopé a quant à lui mis en place des « outils pour l’égalité entre les filles et les garçons », proposant des extraits d’ouvrages, vidéos et autres supports pour mieux comprendre l’importance de l’égalité de genre à l’école, outils permettant à tous les acteurs de l’éducation de s’informer, se former et d’agir sur les questions d’égalité entre les filles et les garçons dans le milieu scolaire.

L’évolution est lente, mais reste possible avec la publication de chiffres clairs concernant la mixité dans les entreprises et les universités, en communiquant à propos du succès des actions menées par des équipes mixtes, et en promouvant les filières peu mixtes chez le sexe opposé. Le CNRS a ainsi créé en 2001 la Mission pour la place des Femmes, qui a pour objectifs de promouvoir l’égalité professionnelle, de faire de la question du genre un point central dans les recherches, et de valoriser les carrières scientifiques et techniques, notamment chez les jeunes femmes. Le CNRS a donc adopté un plan d’action pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, et a récemment publié son premier bilan social, aux données entièrement sexuées, rendant ainsi visible l’évolution de la mixité entre femmes et hommes au sein du CNRS. Toutes ces actions, tant au niveau de l’éducation et l’orientation qu’au niveau professionnel, ont pour objectif de réduire les inégalités entre les femmes et les hommes, pour rendre l’égalité entre les sexes naturelle.  

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