Un groupe d’étudiantes et d’étudiants du master Egalaps s’engage contre les VSS dans le sport

Dans le cadre du cours Sport, Genre et vulnérabilité, dispensé par Philippe Liotard, sociologue et chargé de mission égalité-diversité à l’université Lyon 1, un groupe d’étudiantes et d’étudiants de Master 1 Egalaps (Égalité dans et par les Activités Physiques et Sportives) s’est emparé de l’actualité et a décidé de monter un collectif de travail sur les violences sexuelles et sexistes dans le sport.

Quatre membres de ce collectif, Joy Coulot, Marion Meynet, Melissa Garcia et Siham Idir ont accepté de répondre à nos questions :

Comment est né votre souhait collectif de vous engager, hors de votre temps de formation, sur les questions de violences sexuelles et sexistes dans le sport ?

A la suite de l’actualité de ces dernières semaines, notamment dans la natation et le patinage artistique, et après la Une de l’équipe sur ce sujet (le 29 janvier 2020), nous avons décidé de mettre notre expertise à profit, en tant que spécialistes des questions de genre et de violences dans le monde sportif. Nous sommes spécifiquement formé·es à ces questions et avons la possibilité d’apporter à la fois une vision critique et une analyse scientifique de cette problématique ainsi que des solutions de remédiation.

Nous travaillons toutes et tous sur ces sujets dans le cadre de notre formation mais également de nos stages et sommes soucieuses et soucieux de donner de la visibilité à notre master, unique en France.

Comment s’est formé le groupe de travail ?

Nous avons parlé en cours de cette actualité dramatique et avons vécu un vrai moment de partage et d’écoute comme nous en avions rarement eu l’occasion. L’envie de prolonger nos réflexions s’est rapidement imposée car cette période de libération de la parole représente un moment unique et historique. Nous n’imaginons pas ne pas l’accompagner et en faire partie.

Nous avons rapidement décidé de découper notre projet en différentes thématiques :

  • Veille médiatique en France et à l’étranger, pour analyser les discours et voir ce qui est proposé à l’étranger
  • Analyse du contexte
  • Analyse des vulnérabilités (comprises comme une exposition à un risque d’agression sexuelle) et et de leur apparition, analyse des  mécanismes d’emprises
  • Contextualisation sociale des violences et spécificité du milieu sportif 
  • Conséquences sur les victimes de violences

A quoi va servir ce travail ?

Philippe Liotard est intervenu lors de la Convention Nationale sur la prévention des violences sexuelles dans le sport du 21 février 2020. Son intervention a été brève mais ce qui compte c’est ce qui va se produire maintenant. Il pourra, lors des groupes de travail qui ont été constitués, présenter les premières avancées de notre collectif auprès des fédérations, des actrices et acteurs du sport, du ministère et des spécialistes de ces questions.

Nous préparons également un colloque autour du 25 novembre 2020, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes : notre groupe de travail et le master Egalaps seront largement impliqués dans son organisation aux côtés du Laboratoire sur les Vulnérabilités et l’Innovation dans le Sport (L-VIS). Cet événement associera des connaissances scientifiques et théoriques, des données concrètes et des ateliers pratiques pour répondre aux besoins des pouvoirs publics et du mouvement associatif et aux questions qui se posent.

Nous aimerions également participer à un certain nombre de publications scientifiques pédagogiques et techniques prévues pour les mois à venir.

Enfin nous souhaitons vivement nous impliquer dans des projets de sensibilisation dépassant le seul cadre du master Egalaps, pour l’ensemble de la filière STAPS par exemple, ou dans le cadre de nos stages professionnels.

Malgré votre grande connaissance de ces sujets, avez vous été surprises par certains propos relayés dans les médias ces dernières semaines ?

Bien que formées à l’analyse des mécanismes d’agression nous ne pouvons pas nous faire à l’idée que les victimes sont très rarement écoutées, entendues et crues. Nous constatons tous les jours qu’il y a encore beaucoup de travail pour sensibiliser le grand public et cesser de tenir des discours impliquant que ces femmes et ces hommes mentent ou « l’ont bien cherché ».

Certaines pratiques qui semblaient « normales » ou qui étaient minimisées sont enfin aujourd’hui révélées pour ce qu’elles sont : des violences et des agressions, des crimes et des délits.

Marion : j’ai découvert le podcast Disclose* qui présente et dénonce parfaitement ces mécanismes et ces réactions. Des familles sont interrogées et on peut rapidement s’identifier à ce que peuvent traverser les victimes et leurs familles. La question de la remise en question de la parole, des enfants notamment, est largement abordée.

*https://abus-sport.disclose.ngo/fr/podcasts/


Interview de Philippe Liotard, parue dans Foot d’elles le 4 mars 2020

« Nous allons analyser les mécanismes de la violence dans le sport : l’important est d’en parler »